mardi 3 novembre 2009

Termium gratuit




Comme l'a signalé Valérie Bélanger sur son blog, (merci Laurent), la maintenant légendaire base de données canadienne Termium Plus est désormais proposée gratuitement. Si vous ne savez pas encore ce qu'est termium, c'est ici.
Des heures de plaisir...et d'efficacité !

Je ne poste pas beaucoup...


...mais je me soigne !


Comme l'a très justement écrit Laurent sur NJATB :
[si je ne publie pas] Après tout, tant mieux : un blog de traduction trop prolifique pourrait signifier que son auteur occupe son temps par manque de travail


C'est donc parce que mes vendredis après-midi ont été bien chargés, merci, que je n'ai pas été très présent. Pour être totalement honnête avec vous, il m'est aussi arrivé de commencer un billet pour m'apercevoir qu'un autre (voire plusieurs) blog de traducteurs avaient dit cela bien mieux que moi.
J'ai entendu lors d'une récente conférence que "le but d'un blog est de flatter son égo". Si je ne nie pas que je suis fier d'intéresser mon lecteur, le but n'est pas de produire des billets pour produire des billets...Pour ce qui est de mon égo, j'ai la chance de faire pas mal de missions d'interprétation où mes clients me félicitent en direct. Comme je finirais par les croire, mieux vaut ne pas y ajouter de l'autosatisfaction sur le présent blog !


A bientôt !


Photo : " Erica Marshall of muddyboots.org "

lundi 12 octobre 2009

Crowd sourcing, le retour !

Suite à mon précédent billet sur ce sujet, on lira avec attention cette nouvelle :
Twitter cherche bénévoles pour se lancer en français.

Je crois que je n'arriverai jamais à comprendre comment des entreprises commerciales pures et dures (Coupe du monde FIFA, Jeux Olympiques, Twitter, etc) peuvent faire appel au bénévolat pour les aider à faire d'avantage de bénéfices...Mais si ça marche, pourquoi s'arrêter ?

J'imagine mal une agence de traduction faisant appel à des commerciaux bénévoles pour vendre ses prestations, mais peut-être que je manque d'imagination ?

Comme toujours, vos commentaires sont les bienvenus, surtout si vous êtes un fan de Twitter et/ou un traducteur bénévole potentiel.

mercredi 30 septembre 2009

Journée mondiale de la traduction 2009

Travailler ensemble
Pour l’édition 2009 de sa Journée mondiale de la traduction, la Fédération internationale des traducteurs (FIT) engage une réflexion collective sur les nouvelles possibilités de travailler ensemble et les avantages y afférents
« Les jours du traducteur farouchement solitaire, accomplissant son travail dans un isolement absolu, sont comptés », présagent de nombreux experts du secteur. Non pas qu’une vague de collectivisation se prépare :
l’essentiel de la valeur ajoutée des métiers de la traduction repose toujours sur des éléments intensément personnels.
Mais les innovations technologiques et les modifications profondes des marchés de la traduction et de l’interprétation ont incontestablement fait tomber des barrières. Des professionnels établis aux quatre coins de la planète peuvent désormais se connecter pour participer à un véritable dialogue mondial. Ils sont ainsi amenés à porter un regard neuf sur leurs anciennes méthodes de travail : la porte s’ouvre sur de nouvelles opportunités.
L’arrivée sur ces mêmes marchés de clients plus exigeants, de projets plus complexes et parfois de délais plus serrés, renforce l’intérêt naturel d’un échange d’astuces, d’informations et de bonnes pratiques.
Des exemples ?
• Tout le monde le sait : les échanges directs entre les prestataires de traduction – traducteurs d’édition, interprètes de conférence ou de liaison, traducteurs techniques, terminologues, adaptateurs de l’audiovisuel, etc.
– et leurs clients permettent de mieux cerner les messages à véhiculer, tout en sensibilisant l’acheteur au « plus » que représente une bonne, voire une très bonne traduction. Nul doute que ces clients engagés, proactifs – qu’ils habitent de l’autre côté de la rue ou à cinq fuseaux horaires de leurs fournisseurs – obtiennent des traductions de meilleure qualité et offrent des conditions de travail plus favorables.

Q : Comment encourager les utilisateurs de traductions à s’impliquer dans le processus ?
• Les nouvelles normes en matière de traduction insistent sur l’importance de la révision. Une traduction exige notamment l’intervention d’au moins un réviseur, si ce n’est plus.

Q : Trop de cuisiniers gâtent-ils la sauce ou bien la révision fournit-elle un tremplin à des échanges enrichissants entre collègues ?
• L’envolée des projets multilingues implique une coordination des équipes porteuse d’échanges enrichis. Elle produit en outre un effet de levier, qui consiste à exploiter une solution trouvée au niveau d’une combinaison linguistique pour l’appliquer à d’autres. Parfois même, des projets ne sont confiés qu’à des professionnels disposés à travailler de concert avec d’autres confrères. En d’autres termes, la gestion de projets n’a jamais été aussi importante !

Q : Comment les prestataires de traduction adoptent-ils, adaptent-ils ou créent-ils des procédés permettant de travailler ensemble rapidement et efficacement ?
• Pratique, théorie, gestion de l’information : aujourd’hui, les traducteurs et interprètes s’appuient sur les travaux de leurs collègues terminologues et, dans certains cas, des universitaires, afin de mieux répondre aux besoins d’une clientèle diverse et variée : maisons d’édition, sociétés d’import / export, promoteurs d’actions culturelles, scientifiques...

Q : Comment optimiser l’expertise de ces acteurs multiples – acteurs qui travaillaient jadis « chacun dans leur coin » ?
• Pour les associations professionnelles des métiers de la traduction et les autres protagonistes de
l’industrie des langues, la communication (de près ou de loin) n’a jamais été aussi facile. Dialoguer avec l’étranger s’effectue en un clic de courriel ; réseauter permet d’élargir son périmètre d’influence au-delà de niveaux insoupçonnés il y a encore quelques décennies.

Q : Comment les associations les plus novatrices tirent-elles profit de ces nouvelles ressources pour promouvoir de bonnes pratiques professionnelles et donner plus de poids à leurs actions ?
Ces défis et bien d’autres encore seront au centre des débats de cette année, la FIT invitant ses associations membres à analyser comment les langagiers peuvent, par un travail d’équipe, aider les citoyens du monde entier à mieux vivre, apprendre et travailler ensemble.

La Fédération internationale des traducteurs est une fédération mondiale d’associations professionnelles regroupant traducteurs, interprètes et terminologues. Elle compte 107 membres dans plus de 60 pays et représente, à ce titre, plus de 80 000 professionnels.

mercredi 26 août 2009

Le crowdsourcing et comment mal s'en servir

Merci à Céline Graciet de Naked Translations de m'avoir fait connaitre cette présentation de notre consoeur Rachel McRoberts. Si vous souhaitez tout savoir sur l'utilisation controversée consistant à faire appel à un groupe d'amateurs pour se passer des professionnels, vous saurez tout ici : http://www.slideshare.net/rmcroberts/linkedin-crowdsourcing-translation-controversy (en anglais). Un point de vue intéressant pour les débutants traducteurs/trices qui seraient tentés, en toute bonne foi.

jeudi 13 août 2009

La fin des interprètes ?


UN HOMME POLITIQUE belge, un brin provocateur, faisait remarquer lors d’une conférence internationale à Lille en juin « Dans les conférences internationales, quand les participants mettent le casque pour la traduction simultanée, on sait d’où ils viennent » (Sous-entendu : de France). La solution logique, comme dirait mon fameux tonton Marcel, c’est que les Français apprennent les langues étrangères, et tout au moins l’anglais.

MAIS, me direz-vous, si tout le monde parle anglais, les interprètes seront au chômage ? Je ne pense pas.

JE NE PENSE PAS car on ne peut évidemment pas s’attendre à ce que tout le monde atteigne un niveau d’anglais utilisable. Un employeur ne pourra jamais n’embaucher que des ouvriers ou des manutentionnaires bilingues. Et j’interviens régulièrement chez mes clients pour des projets où cette catégorie de personnel est impliquée, et indispensables au succès du projet. Autre exemple, quelle mairie restreindrait son programme d’échange avec l’Angleterre aux seuls habitants (retraités, mères de famille,…) parlant la langue d’Harry Potter ? La douzaine d’habitantes du Dunkerquois que j’ai accompagnées dans le Kent doivent encore raconter à leurs familles cette fameuse journée. Et c’est une énorme satisfaction pour moi de rentrer après une (longue) journée outre-Manche en me disant que j’ai aidé des gens à connaître une autre culture, voire à changer d’avis sur les voisins de l’autre côté. C’est particulièrement vrai pour le Royaume-Uni.

JE PENSE également que l’interprète apporte un niveau de qualité, donc de confort d’écoute, supérieur. N’en déplaise à ce politicien belge cité plus haut, lui-même quadrilingue, un scientifique qui doit écouter des présentations pendant 2 jours apprécie la traduction simultanée dans sa langue. Et cela, même si les scientifiques qui souhaitent publier parlent aujourd’hui l’anglais.

DANS un contexte purement commercial, que l’on ait en face de soi un fournisseur partenaire avec qui on va développer un nouveau produit, ou un client anglophone, il faut être efficace. Si le niveau d’anglais suffit pour un échange par courriel, voire de courtes conversations téléphoniques, le contexte est maintenant différent. On ne voudra pas ennuyer ou agacer en se battant avec les problèmes de vocabulaire et une grammaire approximative. Je ne citerai pas le nom de ce grand patron américain de l’informatique qui s’est endormi (brièvement) pendant une présentation de diapo. La commerciale française parlait pourtant bien la langue de Paris Hilton avec ses collègues US au téléphone…
Autre circonstance où l’interprète sera toujours indispensable, c’est quand une entreprise doit faire passer un message. L’entreprise qui a fait appel à mes services fin 2008 pour présenter sa stratégie de crise à ses franchisés l’a bien compris. C’est ici la même préoccupation de qualité que pour la traduction écrite (voir un précédent billet)

ENFIN, si j’en crois beaucoup de mes clients en interprétation, il restera le problème de l’accent. S’il nous arrive, à nous interprètes professionnels, de devoir nous adapter pendant quelques minutes à l’accent de l’orateur, certains clients font eu un blocage total. Si les latins sont réputés facile à comprendre pour un français («Maille ném is José Luis, aille com from Espain » aimait dire cet ami étudiant espagnol rencontré au États-Unis), ce n’est pas forcément le cas des Germaniques, des Asiatiques, et a fortiori des Asiatiques vivant en Allemagne (Ce cas m’est arrivé récemment lors d’un congrès sur les écomatériaux ! Ma consoeur à mes côtés souffrait pour moi...). Comme 60% de l’anglais parlé en Europe l’est comme langue étrangère, les interprètes ont forcément une expérience dans ce domaine.
Je ne vois donc pas de menaces sur le métier d’interprète, même si la politique d’apprentissage des langues dans les écoles et les entreprises de France devait d’un seul coup s’accélérer !

BONNE continuation aux confrères et consœurs encore en vacances, et bon courage à ceux qui sont rentrés !

vendredi 5 juin 2009

Un peu de math


Même si dans notre entreprise, c’est Marie la spécialiste des chiffres, je voulais évoquer avec vous quelques chiffres de la traduction.


Le JT de 13h00 de France 2 a consacré cette semaine son feuilleton au Parlement Européen. Et ils ont eu la bonne idée de parler des traducteurs et des interprètes.
Concernant ces derniers, on apprend qu’ils sont 3 par cabine et se relaient toutes les 20 minutes. Même si le contenu des interventions doit demander une concentration certaine, ces conditions de travail font rêver ceux qui, comme moi, se relaient toutes les demi-heures à deux par cabine en entreprise…


Pour ce qui est de la traduction, les journalistes ont évoqué un coût de 2,20 € par Européen et par an. Évidemment, cette somme représente plus pour un ouvrier agricole maltais que pour un banquier luxembourgeois. Ce ne me semble pourtant pas démesuré pour s’assurer que toutes les initiatives sont à la fois exprimées, mais également comprises par tous. Je ne pense pas souhaitable que l’Europe ne parle qu’une seule langue. Toute proportion gardée, il serait dommage de suivre l’exemple du Mandarin en Chine qui a pratiquement effacé de la carte linguistique les 200 autres langues chinoises.

De même, n’est-il pas raisonnable pour une entreprise de dépenser 100 € pour faire traduire son site internet ? Pour un site de BtoB, cette dépense est rentabilisée sur la première commande en provenance d’un client étranger. Et pourtant, certains de nos prospects hésitent encore, devant un métier qu’ils ne connaissent pas. Ne nous voilons pas la face. Autant un chef d’entreprise doit se tenir informé, autant il nous revient, en tant que professionnels de la traduction, de faire de la vulgarisation.

Et il en va de même pour l’interprétation. Que dire d’une économie de 1500 € (pour 2 interprètes) pour lancer un projet européen de 600 000 € ? S’assurer que tout a été bien compris par tous les partenaires étrangers autour de la table permet des économies substantielles lors de la phase de réalisation. Les professionnels de la gestion du changement, entre autres, l’ont bien compris, qui recommandent de soigner l’information et les formations. Une compréhension homogène dès le début du projet assure le succès futur.

En conclusion, le métier de la traduction n’échappe pas à règle. Un investissement judicieux, en l’occurrence la traduction d’éléments clés, au bon moment, le plus en amont possible, se voit rentabilisé très rapidement. Il nous reste à en convaincre nos futurs clients.

Vos expériences en ce domaine sont les bienvenues.


Photo: Paul Khor

mardi 2 juin 2009

Intact par les mains humaines*




Titillé par cet article, recommandé par EnglishProfi sur Twitter, je m’aperçois que je n’ai pas encore abordé dans ce blog le thème de la traduction plus ou moins automatique.

Je ne sais pas pour vous, consœurs et confrères, mais moi, c’est un sujet récurrent dès je parle du métier que je fais.
Soit c’est « oh moi quand j’ai besoin de traduction, je vais sur [insérer ici le nom du moteur de recherche] et ça traduit tout seul ». Soit c’est carrément « ah là là mon pauvre vieux, la traduction c’est pas un métier d’avenir, avec les nouveaux logiciels que les Japonais viennent de sortir… ». Et à ce moment-là, je dois expliquer avec diplomatie que les moteurs de traduction automatique en ligne peuvent très bien aider pour comprendre les paroles d’une chanson de Tokyo Hotel. En revanche, il ne faut pas attendre de miracle pour un courrier à un fournisseur de machines-outils d’outre-Rhin.
Et les développeurs japonais chers à tonton Marcel travaillent depuis des années, mais n’ont pas encore mis au chômage mon confrère Takashi…

Je ne vais donc pas faire ici une étude exhaustive de la traduction automatique, qui serait forcément incomplète et fastidieuse à lire. Je préfère lancer des pistes de réflexion, et par là même une invitation aux commentaires.

Je vois trois catégories de traduction plus ou moins automatisée.
La première, dont je viens de parler, et qui est la plus connue, est pour moi la traduction automatique en ligne proposée par les moteurs de recherche. Il s’agit ici, pour résumer, de dictionnaires électroniques très sophistiqués qui remplacent un mot dans la langue source par son équivalent dans la langue cible. En tenant compte de la grammaire de la phrase… dans le meilleur des cas. Ainsi : « Pourquoi l'arbre est-il tombé ? » devient « Why did the tree fall? ». RAS. Mais « l'arbre à cames est-il trempé ? » devient « is the camshaft dipped » (Surtout n’oubliez pas le s à cames sous peine de délire surréaliste en anglais) parce que le mot « trempé » n’a qu’une seule traduction « dipped ». C'est-à-dire trempé comme le doigt dans la sauce pour voir si elle est bonne…le processus du trempage de l’acier est inconnu pour la machine.

La deuxième catégorie s’appelait il y a quelques années Traduction Humaine Assistée par la Machine, et aujourd’hui Mémoire de Traduction (MT). Ce sont des logiciels de plus en plus prisés par les traducteurs (et dont le plus célèbre rime avec sac à dos) qui laissent le travail de traduction créative aux traducteurs et traductrices, enregistrent le travail au fur et à mesure, puis suggèrent une traduction si d’aventure une phrase identique se présente. Et ce, que ce soit dans le même texte, trois jours ou même six mois plus tard. Ils évitent ainsi les tâches répétitives (ceux qui ont déjà traduit à la main des nomenclatures de pièces savent de quoi je parle).
Ils se comportent comme les logiciels de comptabilité qui soulagent les comptables des calculs fastidieux, et des mises en pages de bilan. Si le métier de comptable ne semble pas menacé, je ne m’inquiète pas trop pour celui de traducteur. Juste en passant, un petit regret que certaines agences de traduction détournent les fonctionnalités de ces programmes pour imposer des réductions de tarif rarement justifiées.

Enfin, la dernière catégorie combine les deux premières. Je pense à un logiciel open source dont le nom évoque la vitesse des mots, et qui fait appel à des macros. Bien qu’il se revendique mémoire de traduction, son fonctionnement justement à base de macros rappelle les « dictionnaires sophistiqués » chers aux collégiens. Mes tests personnels ne m’ont pas convaincu, mais certains confrères ne jurent que par lui.

En conclusion, forcément provisoire, je ne me sens pas menacé par les logiciels de traduction, pas plus en tout cas que ne doivent l’être les architectes par les logiciels de DAO , les écrivains par les traitements de textes ou les chanteurs lyriques par le vocoder .

Pour moi, l’utilisation des mémoires de traduction

  • permet de se concentrer sur la valeur ajoutée du travail de traducteur

  • assure la cohérence de la terminologie dans un même texte, ou dans un même projet,

  • et enfin, après une période d’apprentissage, peut réduire nettement les traductions répétitives.


Que vous soyez réfractaire à ces outils de TAO ou que ce soit le premier logiciel que vous lanciez sur votre PC, n’hésitez pas à poster un commentaire !

Photo : Duncan Fawkes




*Traduction automatique de Untouched by human hands titre d’un recueil de nouvelles de Robert Sheckley, datant de 1954. J’ai entendu cette expression utilisée par dérision en Angleterre par quelqu’un qui me passait un scone en le saisissant entre le pouce et l’index.

Quelques photos et coupures de presse

samedi 25 avril 2009

Ah ben pourquoi c'est si calme ?


C’EST LE MESSAGE d’une traductrice reçu ces derniers jours (et ce n’est pas le premier) qui m’a inspiré pour le billet d’aujourd’hui. Elle s’étonnait que ce soit si calme depuis quelque temps. En fait depuis son retour de vacances.

COMME JE LE DISAIS il y a quelques semaines à un de mes élèves qui envisageait une carrière de traducteur, c’est un métier d’entrepreneurs. À l’exception des rares traducteurs/interprètes salariés qui exécutent (ce n’est pas dévalorisant) les missions confiées par leur hiérarchie, le traducteur et/ou interprète est, comme disaient mes parents, « à son compte ». Or à la lecture des blogs de traduction, et si j’en crois mes contacts avec de jeunes consœurs (et quelques confrères) l’équation traducteur freelance = chef d’entreprise n’est pas évidente pour tout le monde.

ET POURTANT je crois qu’il est important de gérer ses activités en véritables patrons, car cela donne déjà de la crédibilité auprès de ses clients. Vous pouvez lire ce billet (en anglais) pour vous convaincre que beaucoup d’idées fausses sur la traduction subsistent et que nous devons absolument être crédibles. En d’autres termes, bien sûr on peut partir en vacances, mais peut-être faut-il avant cela vérifier avec ses clients qu’aucun dossier urgent ne se prépare, rester joignable, voire décaler ses vacances pour les faire correspondre avec celles de ces clients. Et gérer son métier comme une entreprise c’est également étudier son portefeuille client et éventuellement, si vous faites 80% de votre volume annuel avec une usine de cassettes VHS, un fabricant d’ampoules à incandescence et une entreprise de développement télématique, envisager de prospecter …Pratiquement tous les blogs de traduction donnent des conseils pertinents dans ce domaine.

JE PENSE également que la profession a tout à gagner à…justement, se professionnaliser ! Combien de clients m’ont dit qu’ils avaient hésité à faire appel à un interprète, après avoir eu affaire à des touristes présentant mal, imbus de leurs personnes et vite débordés par la tâche…Que ce soit les vendeurs de double vitrage en Angleterre, de voitures d’occasion aux États-Unis ou de canapés en cuir en France, les exemples abondent où toute une profession pâtit du manque de rigueur de certains de ses membres. Notre secteur va continuer à prospérer si les donneurs d’ordres identifient leurs besoins de traductions et trouvent en face d’eux des entreprises de traduction, de toutes tailles, auxquelles elles pourront faire confiance pour les satisfaire. J’espère avoir enfoncé ici une porte ouverte.


Vos commentaires sont comme d'habitude les bienvenus, et n'oubliez pas le sondage à gauche !


Photo : whatmegsaid

dimanche 12 avril 2009

Le traducteur doit-il améliorer le texte en le traduisant ?



PENDANT ces quelques semaines où le travail (qui va s’en plaindre) m’a éloigné de ce blog, je me suis posé plusieurs fois la question de la différence de qualité entre l’original et la traduction. Plus précisément, si je reçois de mon client un texte présentant des petites erreurs, une grammaire ou un style approximatif, est-ce que je dois, dans ma traduction, corriger ces erreurs ? Autre question, si dans le texte original le même concept est exprimé par différents termes (ou vice versa), est-ce que je dois dans ma traduction, assurer la cohérence du vocabulaire dans l’intégralité du texte ?
EN ME LISANT, certains vont lever les yeux au ciel en disant qu’évidemment il faut que le texte d’arrivée soit d’une qualité irréprochable. Les plus passionnés d’entre nous penseront bien entendu que notre rôle est bien de produire un texte ciselé, parfait, qui se lit facilement, quitte à améliorer le texte.
D’autres, à l’instar des traducteurs littéraires qui se doivent de respecter le style de l’auteur qu’ils traduisent, diront que oh non, surtout pas ! Il faut que le texte soit respecté à la lettre, et que donc même si le style n’est pas irréprochable, que la traduction soit le reflet fidèle de l’original.
Alors, plaisir intellectuel de créer une œuvre nouvelle pour les partisans de l’amélioration ?
Nécessité économique de faire un texte qui plaise au client, quand ce dernier comprend la traduction ? (Cas du client français d’un traducteur traduisant de l’anglais vers le français, par exemple)
Ou difficulté d’expliquer au client que son texte laisse à désirer ?
À l’inverse, jusqu'au-boutisme des partisans de la stricte fidélité ?

MON EXPERIENCE me fait dire que la réponse est ici de créer une relation avec son client qui permette de savoir quel est le but de la traduction. J’ai un client qui me donne à traduire des notes prises rapidement, avec des abréviations et du jargon. Il ne s’attend pas à récupérer en français un texte rédigé impeccablement et publiable tel quel dans un magazine.
À l’inverse, quand je traduis des communiqués de presse ou des guides utilisateurs pour d’autres clients, le texte d’arrivée doit être immédiatement exploitable, lisible facilement, et doit passer sur les éventuelles irrégularités de l’original. Pour l’un de ces clients, il m’arrive d’interpréter l’original, traduisant un actually en actuellement, parce qu’il se trouve que j’ai pu rencontrer la plupart des auteurs et que je connais leur niveau d’anglais.

JE TERMINERAI en vous proposant ma position face à ce dilemme : étant donné que je suis positionné sur le créneau de la traduction de qualité, mes clients me font confiance dans mes choix (près du texte ou plus distancié) pour traduire au mieux leurs textes. C’est la valeur ajoutée que j’apporte et qui me démarque de ceux qui privilégient les délais courts et les tarifs bas, que ce soit par choix ou par fatalité. Quand le volume traité par jour touche à la prouesse physique, le confrère ou la consœur n’a matériellement pas le temps de se poser trop de questions.
Comme d’habitude, j’attends vos commentaires.


Photos: Chee Hong

dimanche 15 mars 2009

Vous avez dit service ?




PLUSIEURS PISTES de réflexion dans le billet de cette semaine.

VU À LA TELE, un reportage sur l’engouement pour la vente au poids de produits de consommation courante (farine, lait, shampooing, gel douche…). Ce qui est, en passant, un retour quelques dizaines d’années en arrière. Nos (arrière)grands-parents achetaient beaucoup de leurs produits quotidiens au kilo. On ne peut que se féliciter de ces initiatives qui permettent une économie d’emballage et une réduction des déchets, puisqu’on ne consomme que ce dont on a besoin. Mais finalement, on fait cela depuis toujours dans le métier de la traduction ! Le client ne paie que ce qu’il consomme, puisque la facturation est au mot (dans la grande majorité des cas). Et nous avons également la chance, depuis les années 90, de pouvoir livrer sous format électronique. Cela évite les émissions de gaz à effet de serre (les puristes me diront qu’il faut, malgré tout, déduire l’énergie consommée par les ordinateurs…c’est noté).


LE SECTEUR DES SERVICES, justement, dont nous autres, traducteurs et interprètes, faisons partie. Si nous ne sommes pas là pour apporter un service à nos clients, alors que c’est notre métier, qui va le faire ? Si vous vous souvenez de vos cours d’éco, le secteur primaire produit les matières, le secteur secondaire transforme et notre secteur tertiaire apporte un service en interagissant avec les 2 premiers. Et pourtant, je suis effaré de voir l’attitude désinvoltes de ceux qui nous servent dans les fast foods, ces derniers temps. Alors qu’a priori ils devraient tout faire pour garder leur job. Je pense à celle à qui Marie a demandé de parler plus lentement dans le micro du drive. On aurait gagné du temps à ne pas répéter. Eh bien, elle a répondu quelque chose comme « c’est votre avis, pas le mien ». Imaginez si je répondais à un client « si mon devis n’est pas clair, c’est que c’est vous qui ne comprenez rien ». Ou encore samedi soir, celle qui a oublié de me servir mon sandwich fait sur commande (au moins, il était chaud…). Elle n’a pas jugé utile d’esquisser le plus petit début d’excuse. Vous me voyez oublier de livrer une traduction (Dieu m’en préserve !) et ensuite balancer un courriel sans aucun mot d’accompagnement ? Si comme il a été dit dans d’autres billets la crise actuelle va assainir le marché, ma friterie de quartier sera la seule restauration rapide encore debout en 2010.


ENFIN, trouvé sur Twitter, cet article (en anglais) disant que la gentillesse va nous permettre de surmonter la récession. Ce n’est pas la première fois que les mots gentillesse, ou même amour, sont évoqués dans le domaine de la gestion d’entreprise. Cela peut se traduire par un geste sympa à la machine à café, ou ce que nos parents appelaient une Bonne Action qui aide un voisin au chômage. L’un de mes clients spécialisé dans les vêtements le disait déjà en début d’année : tout indique que 2009 sera l’année où l’on va se tourner vers l’autre. Je terminerai avec un clin d’œil à Pawel qui est caissier à ASDA à Brighton (GB). Bien qu’il fasse un boulot pénible, par un samedi ensoleillé, hier, il avait un mot gentil pour tous ses clients. Et un sourire inoxydable. Rien ne l’obligeait à en faire autant, mais cela lui faisait visiblement plaisir.


Faire son travail et être sympa avec les autres, ça marche et on a tout à y gagner.

J’attends vos commentaires.



Photos de signalstation

lundi 9 mars 2009

Get it ???




Je ne pouvais pas m'empêcher de partager avec vous ce courriel (pourriel en fait) que je viens de recevoir :

De : Apportent Differents
Ce message et une seule pension de fraude qui ont ete d'exploitation pour certains escrocs pretendant que c'est un message board pour les regarder

Je crois que c'est clair, non ?
Photo : inuyaki.com

samedi 7 mars 2009

Connaitre ses limites





JE PENSAIS parler cette semaine des limites de ses propres compétences et de l’intérêt de les connaître. Ce billet a germé dans mon esprit en consultant les prestataires de services d’un site d’annonces locales gratuites. Je me suis intéressé à un écrivain public professionnel, une activité proche de celle de traducteur. Je parcours la liste des services proposés, classiques, courriers administratifs et personnels, poème, etc. et cela se termine par « n’hésitez pas à me faire appel ».



Et là, je me suis dit que peut-être cette personne avait surestimé son niveau de français, et avait peut-être de bonnes intentions, mais n’avait pas le niveau pour vendre ses services. Ou alors est-ce un copier-coller malheureux, et dans ce cas, on attend d’un écrivain public qu’il se relise attentivement, non ?



J’en viens ainsi au besoin de connaître ses limites. Pendant que j’écris ce billet, justement, une des traductrices portugaises que j’avais interrogées préfère refuser une traduction parce qu’elle ne fait pas la variante brésilienne dont j’avais besoin. Je pense que dans notre métier il est primordial de savoir dire non quand on ne maitrise pas le sujet.



À partir de là, ce n’est pas nécessairement un non définitif. Il m’est arrivé il y a quelque temps de refuser un type de mission, alors que je l’accepterais aujourd’hui. Parce qu’entre temps, j’ai acquis la compétence ou j’ai su trouver le bon partenaire qui peut le faire pour moi.
Il appartient au traducteur freelance soit de sous-traiter s’il a la capacité et la volonté de le faire (là aussi en connaissant ses limites), soit de transmettre à un confrère/une consœur de confiance qui n’hésitera pas à faire la même chose lors d’une prochaine mission.



Les mauvaises traductions, ou malheureusement moins détectables, les traductions maladroites (du genre : The comprehension of your demands enables us to facilitate…) sont à mon avis souvent des signes d’un confrère (professionnel ou amateur) qui est allé au-delà de ces limites, sous la pression d’un client convaincant, ou d’une activité qui ralentit…



Puisque c’est la vocation de ce blog, je terminerai en évoquant l’intérêt de connaître ses limites pour la profession en général. Je prendrai l’exemple d’une expérience malheureuse d’il y a quelques années. Une collectivité locale organise un colloque et consulte les entreprises de traduction lilloise, dont la nôtre, pour 6 interprètes dans 3 langues, avec un planning un peu compliqué sur plusieurs jours. Marie trouve les interprètes disponibles et compétents, et fait une proposition qui n’est finalement pas retenue par le client.



Quelque temps plus tard, un interprète m’a raconté que lors de ce fameux colloque le client s’est arraché les cheveux face à la désorganisation de l’agence (?) qu’il avait choisie : interprètes prévus, mais absents aux repas, aucun coordinateur sur place, pas de numéro de portable, etc.






Alors client trop ambitieux ? Agence débordée ? Interprètes mal rémunérés et indisciplinés ? Toujours est-il que le client, peu habitué aux interprètes, risque à l’avenir de se débrouiller en interne avec des collègues ou des stagiaires. Et c’est toute la profession qui est discréditée.



Pensons-y.

Photo : US NOAA

mercredi 4 mars 2009

La négociation tarifaire




Petit post de mi-semaine (pour éviter d'alourdir le post hebdomadaire).




Suite à un précédent post de Céline, pour les jeunes diplômés non anglophones qui se posent des questions sur leurs tarifs, j’ai adapté en français (merci Marie pour tes suggestions) l’excellente check liste de Judy & Dagmar Jenner du blog Translation Times. La voici :



La négociation tarifaire - mode d’emploi



FIXEZ VOTRE PRIX. Comme dans tous les autres métiers, c'est le vendeur qui fixe le prix, pas l’acheteur. Si vous laissez l’acheteur dicter le prix, vous bafouez un principe de base du marché. Pour autant, la négociation n’est pas interdite… à condition d’être voulue par les deux parties.



PRENEZ CONSCIENCE que tout le monde ne va pas faire appel à vous au prix que vous fixez. Vous ne pourrez pas trouver un prix qui conviendra à tout le monde. Trouvez un prix qui vous convienne à vous et qui va correctement récompenser vos services.

NE VOUS JUSTIFIEZ PAS. Très souvent, les linguistes ressentent le besoin de justifier leur tarif. Vous devez tout simplement… donner votre tarif. Mon teinturier ne me donne pas de raison pour laquelle certains services sont facturés un certain prix, et ça ne m'intéresse pas.

SOYEZ FERME. Il n'y a aucune raison d'être « rentre-dedans » à moins d'y être obligé. Mais vous pouvez être à la fois polis et fermes. Il est également tout à fait acceptable de dire que vos tarifs sont non négociables.

FAITES UN GESTE. Si vous avez vraiment envie de travailler avec le client en question, et que vous ne pouvez pas vous entendre sur le prix, proposez une remise sur autre chose que le prix. Par exemple, nous avons parfois accepté de laisser tomber la majoration pour les PDF. Le client a bien perçu que c'était une valeur ajoutée et a accepté nos tarifs. Il faut parfois savoir faire un compromis.

LE POUVOIR DU SILENCE. Négocier est un art difficile, et la plupart d'entre nous parlent trop pour combler un silence embarrassant. Lancez-vous ce défi : après avoir donné votre prix, ne dites rien pendant quelques secondes et voyez ce qui se passe. C'est nettement plus facile au téléphone qu'en tête à tête.

NON EST UNE PHRASE COMPLÈTE. Enfin, pas vraiment, mais dire non est tout à fait acceptable et à tout moment. En tant que votre propre patron, vous avez le pouvoir et la responsabilité de décider avec qui vous souhaitez travailler. Si ça ne va pas, dites-le poliment. L'une de nos répliques préférées, que l'on doit à un linguiste ATA, est : "Malheureusement, nous n'avons aucune disponibilité à ce prix-là".

SACHEZ VOUS RETIRER. Après de nombreux échanges de courriels ou de coups de téléphone, vous devez décider combien de temps vous souhaitez investir dans cette relation commerciale potentielle. Si, par exemple, le projet de traduire l'acte de naissance d'un particulier vous coûte une heure de négociation, cela ne vaut sûrement pas le coup. Si le projet provient d'un prospect que vous pensez pouvoir transformer en client fidèle, il serait peut-être sage d'y passer plus de temps. Malgré tout, il faut avoir conscience que vous pourriez n'avoir aucun retour sur votre investissement (= votre temps) si vous n’arrivez pas à un accord, alors pensez-y et surveillez la montre.

METTEZ TOUT CELA PAR ÉCRIT. Envoyez votre devis par courriel ou par fax et demandez au client de le signer et de vous le retourner de la même manière.

FAITES CONFIANCE A VOTRE INSTINCT. Si vous avez le sentiment que votre correspondant tire trop sur la corde et que la situation ne vous convient pas, faites-vous confiance et déclinez. Vous ne voulez pas vous lancer dans une relation commerciale avec quelqu'un dont la personnalité, ou même les pratiques commerciales, ne vous correspondent pas.




Prochain post : connaitre ses limites



Photo : GirlReporter

samedi 28 février 2009


CETTE FOIS-CI, C'EST PARTI, je coupe le ruban et déclare ce blog officiellement ouvert. En gestation depuis un moment, il ne manquait à ce blog pour démarrer que le soutien de Marie qui me supporte (dans les deux sens du terme) depuis toujours, et l’exemple de ma consœur Céline de Naked Translation revue lors de sa conférence de Roubaix.


COMME le sous-titre le laisse entendre, je vais essayer chaque semaine de vous donner ma vision de la traduction depuis le nord de la France qui est la région où j’ai pour la première fois gagné un peu d’argent en traduisant un texte, quelques mois après avoir débarqué de ma Bourgogne natale, après un crochet par un campus de Floride. Depuis, nous nous sommes adoptés mutuellement, et c’était la moindre des choses que le nom de ce blog soit en ch’ti puisque c’est la première langue que j’ai entendue en arrivant sur les quais de la gare de Lille Flandres. Aujourd’hui encore la gare, de Lille Europe cette fois, résonne de langues étrangères puisque les Thalys sont annoncés en néerlandais et les Eurostars en anglais. En traversant la rue, on entre à l’Agence Européenne Du Rail (qui se partage entre Lille et Valenciennes). J’ai eu l’honneur de traduire la première déclaration de son premier président lors de sa création, il y a quelques années. Je m’en souviens d’autant plus pour ses deux bizarreries : je suis intervenu, car les interprètes européens ne pouvaient traduire que les débats internes de l’agence (une situation courante pour mes confrères et consœurs officiant à Lille) et j’ai également le souvenir que le président devait faire sa déclaration d’une seule traite avant que je n’intervienne (et non pas phrase par phrase comme d’habitude). J’ai donc été pendant 10 minutes dans la peau du président de l’Agence Européenne du Rail, m’exprimant donc à la première personne, devant des journalistes amusés. Expérience unique pour moi.



POUR CHANGER DE SUJET, j’aimerais maintenant partager avec vous un truc qui me fait grincer des dents : quand les journalistes se prennent tout à coup pour des traducteurs. Il y a quelques années, on nous avait traduit les excuses de Bill Clinton en « j’ai laissé tombé ma femme, ma famille, mon pays » parce que let down ressemble beaucoup à laisser tomber…sauf que to let down veut surtout dire décevoir, tromper…et là, oh ben alors ? Comme par hasard ! ça correspond tout à fait à la situation ! Cette année, c’est l’investiture d’Obama qui s'est transformée en inauguration (eh oui, faux ami…). J’ai bien regardé la télé, à aucun moment je ne l’ai vu couper de ruban…Au passage, ayons une pensée pour le pauvre interprète de France 2 qui était le seul en Europe à ne pas avoir reçu le texte du discours en avance…


Photo : Monica's Dad

lundi 23 février 2009

Blog en cours de création


Soyez patients, nos émissions vont bientôt débuter !