samedi 25 avril 2009

Ah ben pourquoi c'est si calme ?


C’EST LE MESSAGE d’une traductrice reçu ces derniers jours (et ce n’est pas le premier) qui m’a inspiré pour le billet d’aujourd’hui. Elle s’étonnait que ce soit si calme depuis quelque temps. En fait depuis son retour de vacances.

COMME JE LE DISAIS il y a quelques semaines à un de mes élèves qui envisageait une carrière de traducteur, c’est un métier d’entrepreneurs. À l’exception des rares traducteurs/interprètes salariés qui exécutent (ce n’est pas dévalorisant) les missions confiées par leur hiérarchie, le traducteur et/ou interprète est, comme disaient mes parents, « à son compte ». Or à la lecture des blogs de traduction, et si j’en crois mes contacts avec de jeunes consœurs (et quelques confrères) l’équation traducteur freelance = chef d’entreprise n’est pas évidente pour tout le monde.

ET POURTANT je crois qu’il est important de gérer ses activités en véritables patrons, car cela donne déjà de la crédibilité auprès de ses clients. Vous pouvez lire ce billet (en anglais) pour vous convaincre que beaucoup d’idées fausses sur la traduction subsistent et que nous devons absolument être crédibles. En d’autres termes, bien sûr on peut partir en vacances, mais peut-être faut-il avant cela vérifier avec ses clients qu’aucun dossier urgent ne se prépare, rester joignable, voire décaler ses vacances pour les faire correspondre avec celles de ces clients. Et gérer son métier comme une entreprise c’est également étudier son portefeuille client et éventuellement, si vous faites 80% de votre volume annuel avec une usine de cassettes VHS, un fabricant d’ampoules à incandescence et une entreprise de développement télématique, envisager de prospecter …Pratiquement tous les blogs de traduction donnent des conseils pertinents dans ce domaine.

JE PENSE également que la profession a tout à gagner à…justement, se professionnaliser ! Combien de clients m’ont dit qu’ils avaient hésité à faire appel à un interprète, après avoir eu affaire à des touristes présentant mal, imbus de leurs personnes et vite débordés par la tâche…Que ce soit les vendeurs de double vitrage en Angleterre, de voitures d’occasion aux États-Unis ou de canapés en cuir en France, les exemples abondent où toute une profession pâtit du manque de rigueur de certains de ses membres. Notre secteur va continuer à prospérer si les donneurs d’ordres identifient leurs besoins de traductions et trouvent en face d’eux des entreprises de traduction, de toutes tailles, auxquelles elles pourront faire confiance pour les satisfaire. J’espère avoir enfoncé ici une porte ouverte.


Vos commentaires sont comme d'habitude les bienvenus, et n'oubliez pas le sondage à gauche !


Photo : whatmegsaid

dimanche 12 avril 2009

Le traducteur doit-il améliorer le texte en le traduisant ?



PENDANT ces quelques semaines où le travail (qui va s’en plaindre) m’a éloigné de ce blog, je me suis posé plusieurs fois la question de la différence de qualité entre l’original et la traduction. Plus précisément, si je reçois de mon client un texte présentant des petites erreurs, une grammaire ou un style approximatif, est-ce que je dois, dans ma traduction, corriger ces erreurs ? Autre question, si dans le texte original le même concept est exprimé par différents termes (ou vice versa), est-ce que je dois dans ma traduction, assurer la cohérence du vocabulaire dans l’intégralité du texte ?
EN ME LISANT, certains vont lever les yeux au ciel en disant qu’évidemment il faut que le texte d’arrivée soit d’une qualité irréprochable. Les plus passionnés d’entre nous penseront bien entendu que notre rôle est bien de produire un texte ciselé, parfait, qui se lit facilement, quitte à améliorer le texte.
D’autres, à l’instar des traducteurs littéraires qui se doivent de respecter le style de l’auteur qu’ils traduisent, diront que oh non, surtout pas ! Il faut que le texte soit respecté à la lettre, et que donc même si le style n’est pas irréprochable, que la traduction soit le reflet fidèle de l’original.
Alors, plaisir intellectuel de créer une œuvre nouvelle pour les partisans de l’amélioration ?
Nécessité économique de faire un texte qui plaise au client, quand ce dernier comprend la traduction ? (Cas du client français d’un traducteur traduisant de l’anglais vers le français, par exemple)
Ou difficulté d’expliquer au client que son texte laisse à désirer ?
À l’inverse, jusqu'au-boutisme des partisans de la stricte fidélité ?

MON EXPERIENCE me fait dire que la réponse est ici de créer une relation avec son client qui permette de savoir quel est le but de la traduction. J’ai un client qui me donne à traduire des notes prises rapidement, avec des abréviations et du jargon. Il ne s’attend pas à récupérer en français un texte rédigé impeccablement et publiable tel quel dans un magazine.
À l’inverse, quand je traduis des communiqués de presse ou des guides utilisateurs pour d’autres clients, le texte d’arrivée doit être immédiatement exploitable, lisible facilement, et doit passer sur les éventuelles irrégularités de l’original. Pour l’un de ces clients, il m’arrive d’interpréter l’original, traduisant un actually en actuellement, parce qu’il se trouve que j’ai pu rencontrer la plupart des auteurs et que je connais leur niveau d’anglais.

JE TERMINERAI en vous proposant ma position face à ce dilemme : étant donné que je suis positionné sur le créneau de la traduction de qualité, mes clients me font confiance dans mes choix (près du texte ou plus distancié) pour traduire au mieux leurs textes. C’est la valeur ajoutée que j’apporte et qui me démarque de ceux qui privilégient les délais courts et les tarifs bas, que ce soit par choix ou par fatalité. Quand le volume traité par jour touche à la prouesse physique, le confrère ou la consœur n’a matériellement pas le temps de se poser trop de questions.
Comme d’habitude, j’attends vos commentaires.


Photos: Chee Hong