samedi 7 mars 2009

Connaitre ses limites





JE PENSAIS parler cette semaine des limites de ses propres compétences et de l’intérêt de les connaître. Ce billet a germé dans mon esprit en consultant les prestataires de services d’un site d’annonces locales gratuites. Je me suis intéressé à un écrivain public professionnel, une activité proche de celle de traducteur. Je parcours la liste des services proposés, classiques, courriers administratifs et personnels, poème, etc. et cela se termine par « n’hésitez pas à me faire appel ».



Et là, je me suis dit que peut-être cette personne avait surestimé son niveau de français, et avait peut-être de bonnes intentions, mais n’avait pas le niveau pour vendre ses services. Ou alors est-ce un copier-coller malheureux, et dans ce cas, on attend d’un écrivain public qu’il se relise attentivement, non ?



J’en viens ainsi au besoin de connaître ses limites. Pendant que j’écris ce billet, justement, une des traductrices portugaises que j’avais interrogées préfère refuser une traduction parce qu’elle ne fait pas la variante brésilienne dont j’avais besoin. Je pense que dans notre métier il est primordial de savoir dire non quand on ne maitrise pas le sujet.



À partir de là, ce n’est pas nécessairement un non définitif. Il m’est arrivé il y a quelque temps de refuser un type de mission, alors que je l’accepterais aujourd’hui. Parce qu’entre temps, j’ai acquis la compétence ou j’ai su trouver le bon partenaire qui peut le faire pour moi.
Il appartient au traducteur freelance soit de sous-traiter s’il a la capacité et la volonté de le faire (là aussi en connaissant ses limites), soit de transmettre à un confrère/une consœur de confiance qui n’hésitera pas à faire la même chose lors d’une prochaine mission.



Les mauvaises traductions, ou malheureusement moins détectables, les traductions maladroites (du genre : The comprehension of your demands enables us to facilitate…) sont à mon avis souvent des signes d’un confrère (professionnel ou amateur) qui est allé au-delà de ces limites, sous la pression d’un client convaincant, ou d’une activité qui ralentit…



Puisque c’est la vocation de ce blog, je terminerai en évoquant l’intérêt de connaître ses limites pour la profession en général. Je prendrai l’exemple d’une expérience malheureuse d’il y a quelques années. Une collectivité locale organise un colloque et consulte les entreprises de traduction lilloise, dont la nôtre, pour 6 interprètes dans 3 langues, avec un planning un peu compliqué sur plusieurs jours. Marie trouve les interprètes disponibles et compétents, et fait une proposition qui n’est finalement pas retenue par le client.



Quelque temps plus tard, un interprète m’a raconté que lors de ce fameux colloque le client s’est arraché les cheveux face à la désorganisation de l’agence (?) qu’il avait choisie : interprètes prévus, mais absents aux repas, aucun coordinateur sur place, pas de numéro de portable, etc.






Alors client trop ambitieux ? Agence débordée ? Interprètes mal rémunérés et indisciplinés ? Toujours est-il que le client, peu habitué aux interprètes, risque à l’avenir de se débrouiller en interne avec des collègues ou des stagiaires. Et c’est toute la profession qui est discréditée.



Pensons-y.

Photo : US NOAA

1 commentaire:

  1. Le tarif est malheureusement parfois le seul critère de sélection des clients ce en quoi ils ont, à mon avis, grand tort. Car il ne suffit pas d'être moins cher, encore faut-il pouvoir être en mesure d'offrir le même service pour ce tarif ou alors il faut clairement se situer sur le créneau de la traduction low-cost. Au moins, là, le client sait qu'il en aura pour son argent...

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