dimanche 12 avril 2009

Le traducteur doit-il améliorer le texte en le traduisant ?



PENDANT ces quelques semaines où le travail (qui va s’en plaindre) m’a éloigné de ce blog, je me suis posé plusieurs fois la question de la différence de qualité entre l’original et la traduction. Plus précisément, si je reçois de mon client un texte présentant des petites erreurs, une grammaire ou un style approximatif, est-ce que je dois, dans ma traduction, corriger ces erreurs ? Autre question, si dans le texte original le même concept est exprimé par différents termes (ou vice versa), est-ce que je dois dans ma traduction, assurer la cohérence du vocabulaire dans l’intégralité du texte ?
EN ME LISANT, certains vont lever les yeux au ciel en disant qu’évidemment il faut que le texte d’arrivée soit d’une qualité irréprochable. Les plus passionnés d’entre nous penseront bien entendu que notre rôle est bien de produire un texte ciselé, parfait, qui se lit facilement, quitte à améliorer le texte.
D’autres, à l’instar des traducteurs littéraires qui se doivent de respecter le style de l’auteur qu’ils traduisent, diront que oh non, surtout pas ! Il faut que le texte soit respecté à la lettre, et que donc même si le style n’est pas irréprochable, que la traduction soit le reflet fidèle de l’original.
Alors, plaisir intellectuel de créer une œuvre nouvelle pour les partisans de l’amélioration ?
Nécessité économique de faire un texte qui plaise au client, quand ce dernier comprend la traduction ? (Cas du client français d’un traducteur traduisant de l’anglais vers le français, par exemple)
Ou difficulté d’expliquer au client que son texte laisse à désirer ?
À l’inverse, jusqu'au-boutisme des partisans de la stricte fidélité ?

MON EXPERIENCE me fait dire que la réponse est ici de créer une relation avec son client qui permette de savoir quel est le but de la traduction. J’ai un client qui me donne à traduire des notes prises rapidement, avec des abréviations et du jargon. Il ne s’attend pas à récupérer en français un texte rédigé impeccablement et publiable tel quel dans un magazine.
À l’inverse, quand je traduis des communiqués de presse ou des guides utilisateurs pour d’autres clients, le texte d’arrivée doit être immédiatement exploitable, lisible facilement, et doit passer sur les éventuelles irrégularités de l’original. Pour l’un de ces clients, il m’arrive d’interpréter l’original, traduisant un actually en actuellement, parce qu’il se trouve que j’ai pu rencontrer la plupart des auteurs et que je connais leur niveau d’anglais.

JE TERMINERAI en vous proposant ma position face à ce dilemme : étant donné que je suis positionné sur le créneau de la traduction de qualité, mes clients me font confiance dans mes choix (près du texte ou plus distancié) pour traduire au mieux leurs textes. C’est la valeur ajoutée que j’apporte et qui me démarque de ceux qui privilégient les délais courts et les tarifs bas, que ce soit par choix ou par fatalité. Quand le volume traité par jour touche à la prouesse physique, le confrère ou la consœur n’a matériellement pas le temps de se poser trop de questions.
Comme d’habitude, j’attends vos commentaires.


Photos: Chee Hong

1 commentaire:

  1. N'étant ni traductrice, ni interprète, je ne suis certes pas la mieux placée pour répondre à cette question que je me suis pourtant très souvent posée. Je pense que si j'avais à traduire un texte, je ne pourrai résister à l'envie de l'améliorer si besoin était, quitte à m'éloigner légèrement de celui-ci. En effet, j'estime, à tort ou à raison, qu'à partir du moment où l'on ne rajoute rien et où on ne retire rien au sens premier, il n'y a pas, à mon sens, de trahison. Après, tout est affaire de style...
    Marie

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