Quand je regarde la date de mon dernier billet, ma tête tourne…mais comme je l’avais dit le 3 novembre 2009, je ne suis pas blogueur professionnel, et mon activité d’interprète, principalement, ces deux dernières années, m’a bien occupé.
Mais vous n’êtes pas ici pour savoir si je publie ou pas, mais pour parler terduisache…pardon : traduction !
Et en fait, c’est la lecture d’un billet intéressant de Céline @Millionaire, ma voisine millionnaire que je suis sur Twitter, qui m’a incité à revenir bloguer ici. Céline parlait du Google translator’s kit et de la « base mondiale de traduction » vantée par ses promoteurs.
Pour rappel, cette base est alimentée par les traducteurs du monde entier utilisant le fameux kit. C’est le même principe actuellement sur Linguee; on invite l’internaute à dire si la traduction est bonne ou non, à l’aide d’un pouce levé ou baissé qui rappellera les jeux du cirque aux latinistes…
Et c’est là que la traduction 2.0 me gêne.
Inscrit sur Proz, j’y vais de temps en temps aider mes collègues en échange de l’aide que j’ai déjà reçue sur ce site. Ce type d’échange entre professionnels est sympa et très bien encadré par les modérateurs. Les petits malins qui voudraient faire faire leur travail par les autres sont vite repérés. Pas de souci.
J’aime également consulter les forums de WordReference, bien encadrés également.
Mais donner mon avis d’expert gratuitement à tous les sites qui me le demandent me pose problème.
Tout d’abord, parce que ça encourage la culture du « tout gratuit sur le net ». Non, tout ne peut pas être gratuit sur internet. Les services professionnels sont payants et c’est normal. En revanche, c’est bien volontiers que je partage mes expériences de bricoleur du dimanche sur un blog dédié.
Ensuite, cela alimente le réservoir informe, le fourre-tout de la traduction non professionnelle sur la toile. Ma Voisine Millionnaire le décrit très bien dans son billet. Je milite plutôt pour une meilleure qualité de la traduction.
Et puis, cela se base sur le principe que « le nombre garantit la qualité ». Un peu comme le journalisme 2.0 : si tout le monde le tweet, c’est que c’est forcément vrai.
Eh bien non.
Même si beaucoup d’entreprises françaises traduisent carton (dans le sens de « colis ») par cardboard, il n’en reste pas moins vrai que les Anglaises qui commandent leurs chaussures sur le net poussent leur fameux cri en recevant une « box ».
Enfin, j’ai l’impression que c’est à l’origine de la recrudescence des experts autoproclamés, et autres « curieux de la langue » qui soit contestent systématiquement la traduction qu’on leur livre, ou alors confondent leur traducteur avec leur prof d’anglais et s’embarquent dans des discussions sans fin sur le mérite de tel mot par rapport à un autre….Une traductrice néerlandais-anglais m’avait raconté il y a quelques années le mal qu’elle avait eu à convaincre un chercheur, natif de l’autre pays du fromage, qui insistait pour inscrire « extraordinary professor » sur sa carte de visite !
Alors, est-ce que je suis le seul à penser cela ? Est-ce que je ne suis qu’un génération X grincheux qui refuse de participer au 2.0 et au collaboratif ?
On peut quand même se demander pourquoi, dans un monde où le moindre conseil professionnel se monnaye, la traduction devrait faire exception.
Vos commentaires, comme toujours, sont les bienvenus !
Photo : Danard Vincente