mercredi 26 août 2009

Le crowdsourcing et comment mal s'en servir

Merci à Céline Graciet de Naked Translations de m'avoir fait connaitre cette présentation de notre consoeur Rachel McRoberts. Si vous souhaitez tout savoir sur l'utilisation controversée consistant à faire appel à un groupe d'amateurs pour se passer des professionnels, vous saurez tout ici : http://www.slideshare.net/rmcroberts/linkedin-crowdsourcing-translation-controversy (en anglais). Un point de vue intéressant pour les débutants traducteurs/trices qui seraient tentés, en toute bonne foi.

jeudi 13 août 2009

La fin des interprètes ?


UN HOMME POLITIQUE belge, un brin provocateur, faisait remarquer lors d’une conférence internationale à Lille en juin « Dans les conférences internationales, quand les participants mettent le casque pour la traduction simultanée, on sait d’où ils viennent » (Sous-entendu : de France). La solution logique, comme dirait mon fameux tonton Marcel, c’est que les Français apprennent les langues étrangères, et tout au moins l’anglais.

MAIS, me direz-vous, si tout le monde parle anglais, les interprètes seront au chômage ? Je ne pense pas.

JE NE PENSE PAS car on ne peut évidemment pas s’attendre à ce que tout le monde atteigne un niveau d’anglais utilisable. Un employeur ne pourra jamais n’embaucher que des ouvriers ou des manutentionnaires bilingues. Et j’interviens régulièrement chez mes clients pour des projets où cette catégorie de personnel est impliquée, et indispensables au succès du projet. Autre exemple, quelle mairie restreindrait son programme d’échange avec l’Angleterre aux seuls habitants (retraités, mères de famille,…) parlant la langue d’Harry Potter ? La douzaine d’habitantes du Dunkerquois que j’ai accompagnées dans le Kent doivent encore raconter à leurs familles cette fameuse journée. Et c’est une énorme satisfaction pour moi de rentrer après une (longue) journée outre-Manche en me disant que j’ai aidé des gens à connaître une autre culture, voire à changer d’avis sur les voisins de l’autre côté. C’est particulièrement vrai pour le Royaume-Uni.

JE PENSE également que l’interprète apporte un niveau de qualité, donc de confort d’écoute, supérieur. N’en déplaise à ce politicien belge cité plus haut, lui-même quadrilingue, un scientifique qui doit écouter des présentations pendant 2 jours apprécie la traduction simultanée dans sa langue. Et cela, même si les scientifiques qui souhaitent publier parlent aujourd’hui l’anglais.

DANS un contexte purement commercial, que l’on ait en face de soi un fournisseur partenaire avec qui on va développer un nouveau produit, ou un client anglophone, il faut être efficace. Si le niveau d’anglais suffit pour un échange par courriel, voire de courtes conversations téléphoniques, le contexte est maintenant différent. On ne voudra pas ennuyer ou agacer en se battant avec les problèmes de vocabulaire et une grammaire approximative. Je ne citerai pas le nom de ce grand patron américain de l’informatique qui s’est endormi (brièvement) pendant une présentation de diapo. La commerciale française parlait pourtant bien la langue de Paris Hilton avec ses collègues US au téléphone…
Autre circonstance où l’interprète sera toujours indispensable, c’est quand une entreprise doit faire passer un message. L’entreprise qui a fait appel à mes services fin 2008 pour présenter sa stratégie de crise à ses franchisés l’a bien compris. C’est ici la même préoccupation de qualité que pour la traduction écrite (voir un précédent billet)

ENFIN, si j’en crois beaucoup de mes clients en interprétation, il restera le problème de l’accent. S’il nous arrive, à nous interprètes professionnels, de devoir nous adapter pendant quelques minutes à l’accent de l’orateur, certains clients font eu un blocage total. Si les latins sont réputés facile à comprendre pour un français («Maille ném is José Luis, aille com from Espain » aimait dire cet ami étudiant espagnol rencontré au États-Unis), ce n’est pas forcément le cas des Germaniques, des Asiatiques, et a fortiori des Asiatiques vivant en Allemagne (Ce cas m’est arrivé récemment lors d’un congrès sur les écomatériaux ! Ma consoeur à mes côtés souffrait pour moi...). Comme 60% de l’anglais parlé en Europe l’est comme langue étrangère, les interprètes ont forcément une expérience dans ce domaine.
Je ne vois donc pas de menaces sur le métier d’interprète, même si la politique d’apprentissage des langues dans les écoles et les entreprises de France devait d’un seul coup s’accélérer !

BONNE continuation aux confrères et consœurs encore en vacances, et bon courage à ceux qui sont rentrés !